Remarquable, Émeline Bayart chante des chefs-d’œuvre d’écriture sur l’amour en couple, dans un souffle de drôlerie enchanteur.
EMELINE BAYART / Au début de son spectacle « D’Elle à Lui », la comédienne, habillée d’une sobre robe noire, se hisse sur un tabouret de bar et chante un répertoire qu’on croyait désuet, fait des standards et de pépites de Vincent Scotto, d’Yvette Guilbert ou de l’actuelle Juliette, avec la complicité d’un pianiste fou, Manuel Peskine. Gouailleuse et truculente, celle-ci dresse une galerie de portraits féminins, dans un récital cru et doux, coquin et poétique. Blonde, lèvres rouges, yeux bleus, elle nous emporte dans un voyage dans des temps où la femme était assignée à des tâches domestiques, à l’inertie de la bourgeoise, aux gnons en tout genre, à l’attente du bon mari, du mariage implacable ou de l’amant à placard.
Elle a joué dans les pièces et les films de Jean-Michel Ribes, travaillé au théâtre avec Denis Podalydès ou Christophe Rauck, au cinéma avec Bruno Podalydès ou Michel Gondry. Après avoir déniché les partitions dans des brocantes et les trésors de la Bibliothèque nationale, elle n’a peur de rien, elle peut tout jouer et tout chanter. Expressive, gouailleuse, elle rappelle Barbara à l’Écluse, elle reprend Arletty à sa sauce. Rêche et doux, coquin et poétique, le récital « D’Elle à Lui » dessine une carte du tendre et du cru dans une galerie de portraits féminins, créatures revanchardes, sexuelles ou affranchies enfin de leurs existences dictées par les mecs.